Zoo galerie présente
Butterfly, Carpet in the sky, Funcky Donkey / Funny Monkey
Une exposition de
Sammy Engramer
du 21 mai au 25 juin 2005
Butterfly (Encart publicitaire, revue 02, 2005).
Carpet in the sky (Carton d’invitation, 2005).
Funcky Donkey / Funny Monkey (Envoi email, 2005).
Sammy Engramer propose trois expositions pour le prix d’une. Les pratiques de l’emprunt et du détournement commencent dès la diffusion des informations destinées à l’amateur d’art contemporain. Trois supports différents, trois titres différents. Dans l’esprit des années De Stilj, le carton d’invitation donne une version dépassée et vieillotte de l’exposition. L’encart publicitaire s’inspire de l’iconographie activiste et frontale des années 70. Enfin, l’invitation email convoque l’univers visuel du hacker et un goût affirmé pour l’argent. Au même titre que les œuvres présentées à la Zoo Galerie, ces supports de communication sont autant de médias susceptibles de convoquer la création.
Les stratégies de communication reflètent les propositions plastiques. Aucune des œuvres présentées n’a de liens formels avec les autres, ni d’ailleurs de relations conceptuelles avouées. Sammy Engramer désire se préserver de la signature, du style ou de la continuité intellectuelle. Cette logique se développe en trois points. Le premier se rapporte à l’œuvre en tant qu’événement. Il indique simplement le désir de découvrir une « idée plastique » pour la première fois. Le deuxième point se réfère à la fabrication formelle et intellectuelle de l’œuvre. Sous la forme de connexions physiques, visuelles, historiques ou absurdes, Sammy Engramer loge, cale, soude ou ménage plusieurs points de vue. Il adopte une « posture perspectiviste » susceptible de faire surgir des interprétations latentes, ignorées ou enfouies dans l’œuvre présentée. Troisième point : chaque œuvre est soumise au « contrôle qualité » des référents (le langage, l’idée, le récit), des représentations (l’image, la peinture), et des choses (l’espace, l’objet, la sculpture).
Partant de ces principes modulables et malléables à souhait, on découvre l’exposition dans le hall d’entrée de la Zoo Galerie. À l’extérieur de la Zoo Galerie, peints sur les murs, des yeux tirés de manga, de comics, viennent porter leur point de vue sur la ligne de sol. Comme une nouvelle ligne d’horizon, la jonction entre le mur et le sol prend une nouvelle dimension. À l’intérieur de la galerie, ce wall painting trouve son pendant dans la série des Bulles . Trente neuf dessins numériques questionnent la structure du langage au travers du support de la bande dessinée. Chaque bulle relate des associations d’idées réduites à leur simple expression, où le langage s’affranchit du texte. La ligne, la forme, le motif induisent différentes paroles. En regard de cette série, un néon, Sans paroles , représente une bulle dont l’apostrophe est en forme d’éclair, comme une redondance de langage, une mise en abîme de l’énergie qui produit de l’énergie, d’un éclair qui éclaire.
Ce type de jeux de mots visuels, dont l’artiste est friand, résonne également dans les œuvres qui convoquent les représentations architecturales. La sculpture Twins , deux socles à l’intérieur desquels un agencement de planches reprend le plan d’une maison, aurait pu être un projet primé pour le « Ground Zero », en tant que « ground zero de l’architecture ». La maquette est à l’intérieur du socle et l’on n’en voit que le plan à la surface du plateau, celui-ci étant recouvert de pelouse synthétique. Sur la base de jeux de mots et de superpositions d’images, Sammy Engramer s’intéresse aux dérives de la cote, du plan et de l’échelle en architecture. Architonic est une série de trois maquettes : une pomme de terre, un kilo de pâtes et une saucisse sèche sont respectivement enfermés dans un syndicat d’initiative, un pavillon individuel et une résidence d’été. Ainsi luxueusement empaquetées, ces denrées périssables sont logées dans des maquettes à l’échelle 1/1, modèle et architecture ne faisant plus qu’un. Ces objets aux fonctionnalités très ciblées répondent à une autre sculpture, la Love banquette . A la fois banquette de musée et divan de psychanalyste, elle est capitonnée par une dizaine de butoirs de porte qui destinent le meuble à toutes les interprétations phantasmatiques. Reproductible(s) fait appel aux jeux littéraires des Incohérents : sept photographies identiques sont exposées les unes à côtés des autres. Elles ont chacune un titre différent. Toutefois, chaque titre contient un paradigme : le mot « pied ». Le sens et la signification apportent l’originalité multiple de multiples originaux.
Autant de matériaux, de problématiques, de moyens de communication qui divergent pour mieux dérouter le public. Néanmoins, Sammy Engramer cultive la « belge attitude » avec des œuvres bien léchées à la texture polie, la ligne claire, proches du ready-made, d’une limpidité suspecte. L’exposition est conçue comme le salon de l’innovation, où Sammy Engramer donne à expérimenter des œuvres, des objets où chacun manipule à sa guise les jeux de mots et les équivoques, l’interprétation comme activation de l’œuvre.
Sammy Engramer est maintenant représenté par la galerie Claudine Papillon, Paris.