Harmonielehre
Une exposition de Mick Peter
Du 7 février au 14 mars 2009
Ces dialogues surréels entre des théières et des triangles isocèles de ciment brut, des cartes à jouer géantes et des ceintures tout droit sorties d’un monde aux dimensions quelque peu élastiques, qui composent l’œuvre aussi cocasse que sérieuse de Mick Peter, intriguent la scène britannique depuis déjà une petite dizaine d’années. L’artiste glaswégien dont Harmonielehre est la seconde exposition personnelle en France (après un passage remarqué à la Galerie de Multiples à Paris l’été dernier), présentera à Nantes une série de toutes nouvelles pièces produites pour le premier volet d’Harmonielehre en novembre-décembre 2008 au Generator Projects de Dundee (Ecosse).
Ses collages sculpturaux, dérivés de la notion d’intertextualité, jouent avec leur qualité crafty pour nous parler des romans qui les ont inspirés: Bouvard & Pécuchet, Tristram Shandy, etc. Des romans qui tous développent une sorte d’anti-logique, appliquée par Peter dans ses mélanges de techniques et références originellement incompatibles. Dans cet univers aux formes géométrisantes, aux couleurs parfois criardes, parfois si sobres, c’est un peu comme si toute rémanence d’une quelconque pensée classique avait disparu. Tant et si bien que l’on s’attend à croiser Tweedledee et Tweedledum comme de naturel, comme un juste rappel du fait que la connaissance est bien impuissante face au hasard du jeu de cartes (Two Clerks, 2006).
Harmonielehre est pourtant avant toute autre chose le titre du fameux essai de Schoenberg sur les principes harmoniques, pierre angulaire de la modernité musicale malgré son apparent appel au classicisme. Il s’agit en effet plus exactement pour Schoenberg de toujours étudier les classiques, que l’on réutilise ou rejette par la suite, avant de créer de la nouveauté. Chez Mick Peter, littérature, sculpture, sont infusées au non-sens, et la vacuité première qui semble mener son œuvre ( il y a du polystyrène sous le béton) est bien vite remplacée à nos yeux par une justesse de ton désarmante. Tandis que continue de se livrer, au cœur du travail de Peter, (Untitled (Tables), 2008) le combat du sculpteur contre le dessinateur.
Mick Peter est représenté par la galerie Crèvecœur (Paris).